Pour le printemps des poètes, j' ai répondu à l'appel : LA VOIX, avec un haïbun court .A lire ci-dessous et dans la revue de L' écho de l' étroit chemin , où il fait bon si aventurer
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La voix ( de ma mère )
A peine suis-je endormie , que le téléphone sonne . La clarté des mots au bout du fil ne laisse aucun doute, ses heures sont comptées .
Lune de printemps -
quitter la maison natale
le ciel sur la tête
J'accélère mes pas jusqu'à la voiture : le moteur ronronne pareil à un chat confiant .
Sillonner la campagne .... cette nuit-là je la hais . Pas une âme qui vive, pas le moindre miaulement ni même un lapereau affolé par les phares . Seul , le tic-tac obsessionnel de ma montre
Un quart d'heure aura suffit pour rejoindre l'hôpital.
Le numéro de sa chambre est un centenaire, suspendu à la porte entre ciel et terre.
La peur au ventre, j'ouvre doucement
Un balbutiement -
est-ce la fin du froid
cet oiseau qui chante ?
La lune baille à la fenêtre , éclairant sa couche .
A peine audible le souffle sur ses lèvres et pourtant ...
Froissement de l'air -
une odeur de lilas blanc
parfume ses mains
Suivi d'une infirmière, un médecin m'invite à quitter la chambre pour me parler .
Je m' éloigne à pas ouatés .Les murs du couloir sont chauves . ...
Cerisiers en fleur -
la voix de ma mère s'éteint
dans l'anonymat
Liliane